JE SAIS QUE CE FILM N'EST PLUS D'ACTUALITÉ, mais j'avais envie de partager mon avis. Visuellement, il est magnifique, et les comédiens sont excellents. Mais vous êtes sans doute au courant maintenant, comme plusieurs l'ont souligné, qu'il s'agit d'un pastiche à peine dissimulé de plusieurs œuvres, notamment The Talented Mr. Ripley et Brideshead Revisited. Et que plusieurs lui reprochent de ne pas ajouter une perspective originale à la discussion, ses tentatives de satire sociale tombant à plat : le soit-disant orphelin Oliver, sans-le-sou, censé susciter notre empathie, se révèle être un imposteur issu de la classe moyenne, avec des parents aimants et bien vivants.
Et que dire de cette scène finale où il hérite du château de son ami, dansant nu de pièce en pièce sur Murder on the Dancefloor… On ne peut s'empêcher de se demander : comment ce film, qui débutait comme un coming-of-age à la Call Me by Your Name, a-t-il pu virer en polar?
Plutôt que de prêter au film des ambitions politiques, je trouve plus intéressant l'envisager comme une fable ou une légende urbaine que les riches se raconteraient entre eux. Une sorte d'avertissement sur le «bouguiman» de la classe moyenne, celui qui prétend être ton ami mais finit par te trahir. D'autant plus que la réalisatrice, Emerald Fennell, issue d'une famille aisée, semble davantage avoir voulu raconter un ghost story divertissant qu’une véritable satire sociale.
Mais il y a une règle fondamentale en écriture : les premières pages d’une histoire devraient donner le ton au lecteur sur le genre d'histoire qu’il s’apprête à découvrir. Dans le cas de Saltburn, cette promesse est rompue, laissant un sentiment d’incohérence.
À mon avis, cela aurait pu être évité avec un peu de foreshadowing bien dosé au début, que l'on pourrait repérer lors d'une seconde écoute. Prenons l'exemple du fameux party où Oliver porte des bois de renne, une image qui évoque Dyonisos ou même le diable. J'aurais mieux accepté la tournure finale si cette idée avait été davantage exploitée tout au long du film. Pourquoi ne pas introduire, dans les scènes d'école, une discussion sur Faust ou sur L’Oreiller de plumes d’Horacio Quiroga pour semer les premiers indices?
Et si, à la fin, on découvrait qu’Oliver n’était pas seulement un imposteur, mais une incarnation du diable, une sorte de succube, vampire, démon suceur des riches ? Cela aurait conféré une profondeur mythologique au récit et aurait permis de mieux justifier son évolution vers un dénouement aussi fantastique.
You hardly knew him, Olly. You had nothing to do with him, with us, with here, nothing at all. You’re just a stranger. Yet here you are, right in the middle of it all. Stranger fucking danger. Do you know what Daddy started to call you? Spiderman. You’re always just skulking around, weaving your spidery, Olivery, web. Olly, don’t be upset. I don’t think you’re a spider. I think you’re a moth. I’m right, aren’t I? Quiet. Harmless. Drawn to shiny things. Batting up against the window. Just desperate to get in. Well, you’ve done it now. You’ve made your holes in everything. You’ll eat us from the inside out… Is that his aftershave? You’re a fucking freak! I bet you’re wearing his underwear too, aren’t you? You disgusting little nobody, oh my god! You ate him right up and you licked the fucking plate!
Par ici pour écouter mon cover préféré de Murder on the dancefloor. •
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